
L’amour insecticide
Naviguant entre un cercle familial indifférent, mais de puissantes aspirations au bonheur, Victoire mène sa vie avec légèreté.
Son boulot d’agente immobilière comme ses amours de passage remplissent son quotidien d’un train-train satisfaisant. Jusque-là, tout va bien !
Lors d’un voyage en Inde, elle rencontre Franck, un collecteur d’insectes.
S’il ne paye pas de mine, la poésie émanant de son activité de papilloniste la bouleverse, la transporte au-delà de toute raison. En dépit de la banalité de l’individu, la créativité de Victoire échafaude un héros à mille lieues des modes, de l’hyperconnectivité et autre 5G.
Forcément, seul cet être singulier saura la guider sur le chemin de l’épanouissement. Ce qui, à l’heure où le développement personnel se pose en quête divine, représente un attrait de taille (surtout pour Victoire…)!
Et c’est à corps perdu et la tête la première qu’elle va se jeter dans les bras de cet homme flottant à qui elle prête de la grandeur.
La genèse
Le sujet de mon roman est né par hasard, dans un troquet, comme nombre de récits qui ont germé on ne sait où…
Il se trouve que je fais partie de ces gens qui aiment fouiller (dans les affaires des autres). C’est loin d’être une qualité, je le sais. Si je ne m’en défends pas, je ne le fais plus.
Comme c’est (très) mal, je me contente d’avoir les oreilles qui traînent. Un moyen d’en savoir plus qui ne me conduira pas au commissariat.
Comme j’étais seule, je tentais d’attraper en plein vol les propos de la table d’à côté. Deux femmes fraîchement sorties de leur cours de gym suédoise (bobo oblige, on est à Paris…) se détendaient devant des allongés. Leurs enfants fréquentaient la même classe. C’est sûr, ça crée des liens.
Elles plaisantaient beaucoup et s’aimaient bien, ça se sentait. Je les trouvais sympas, mon intérêt s’accrut.

Elles se sont mises à parler de mecs, de ruptures, ça riait beaucoup moins. Jusqu’à ce que j’entende celle qui portait une queue de cheval glisser : « Tu ne le croiras pas, mais quand il s’est barré, je ne l’ai pas vu venir. » Elle se mit à décrire ses journées d’avant paisibles, pleines de complicité, d’amour fait, de confiance. Le rêve. Puis, le départ. Mon cœur se mit à crever doucement, elle n’était pas loin des larmes. Je me demandai comment une telle chose était possible. Songeuse, j’ai réglé mon café et suis sortie du bistrot.
Les jours se sont succédé aux jours. Insidieusement, la petite phrase a fait son chemin en moi. Est-il possible d’ignorer totalement ce que pense l’autre ? L’autre que l’on aime et dont on croit être aimé en retour ? Ou bien, projetons-nous seulement nos phantasmes d’une vie rêvée, d’un amour éternel, d’une confiance absolue ? Si l’envie est puissante, l’inconscient plus encore.
Par conséquent, la relation amoureuse que nous pensons vivre est-elle réelle ? Et si par extension, tout ce que nous traversions était déformé par le prisme de nos croyances ou de nos désirs inconscients ?
Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières. (Jean-Jacques Rousseau).
Victoire, personnage principal de L’amour insecticide, est issue d’un terreau bourgeois dans lequel elle ne se sent pas à sa place : aucunes études supérieures pour cause de Bac loupé haut la main ; manque de perspectives quant à un mariage financièrement confortable… Victoire déçoit. En proie au mépris familial, elle se débrouille pour trouver, malgré tout, l’eau bonne et le ciel bleu.
Elle jette donc son dévolu sur Franck, chasseur d’insectes dont le père fut cantonnier près de Montargis et taxidermiste pour se détendre…
Les espoirs fondés sur ce père de famille vont s’avérer fatals…
En un mot, L’amour insecticide évoque l’effroi de se tromper.
L’amour insecticide se résume en un regard porté sur une femme, un homme, en proie à leurs espoirs, leurs erreurs, leurs phobies… C’est une envie de parler de nous tous avec humour. Nous tous qui dansons sous la pluie.
